vendredi 29 mai 2009

temps

qui se dilue
doucement

telle la goutte
de maquillage
que le pinceau
lorsqu'on le rince
laisse dans l'eau

le temps
se goûte
lentement

se tend
et se détend

se sent

avance vite
s'arrête
semble reculer quelquefois

le maquillage
n'est pas
un long fleuve tranquille
une ligne
droite
au rythme immuable

il prend
des heures
il prend un jour

il laisse
quelques images

la douche
a vite fait
de le diluer tout à fait

lorsque vient le temps
de quitter le studio



les photos
tirent
simplement
un peu plus
en longueur

le temps
de ce jour-là

jusqu'à un autre jour
de maquillage
peut-être...

samedi 23 mai 2009

être là



sans rien faire
sans forcément comprendre
ou aimer
recevoir
les couleurs
que Caroline pose
elle a la carte blanche

mercredi 20 mai 2009

grandir


faire grandir un bébé
ou grandir soi-même
c'est la même chose
recoller
remodeler
une vie
se reprendre en mains
quand on était restée
au bord d'un chemin
redigérer des choses
et grandir
toujours
la couleur de ce jour
ouvre des perspectives
qu'il reste à explorer

lundi 18 mai 2009

taches


ajouter
lentement
une cellule
à l'autre
les voir
se multiplier
au carré
ou sentir ce pinceau
faire un à plat
sur ma peau
c'est une même histoire
qui s'écrit
et grandit
en silence
et prend du volume
petit à petit
elle tache un peu
mais elle en vaut la peine
oui

samedi 16 mai 2009

avant la sortie du tunnel


je suis un wagon restaurant
chauffant
berçant
parlant
quelquefois chantant
un jaccuzzi
(sans bulles)
un hamac
une nacelle à pattes
je contiens
je tiens
et je masse
tout le temps

un numéro


huit
nombre complet
infini
huit
ça suffit ?
je n'ai pas de limites
que celles que l'on me donne
en la matière
et je suis
facilement tentée
à ce sujet
pourtant
pourtant
mon énergie
s'est faite rare
récemment
cette grossesse
est plus fatigante
fatiguée
je suis
davantage
que pour les précédentes
pourtant
ce sera
évident
6 mois plus tard
ce n'est pas mon bébé dans moi
qui m'épuise comme cela
c'est autre chose
qui m'use
et que je dois soigner
régler
réajuster
lentement
pour vivre

rondeurs


rien ne sert
de tourner
en rond
tout avance
et une grossesse
c'est vite
complété
abouti
bien rempli
c'est énorme
tout petit
c'est sans mesure commune
avec la vie
un événement
hors du temps
qui pourtant
s'y inscrit
par de folles rondeurs
qui défient
la raison
la peur
l'entendement

être mangée


pendant combien d'années encore
serai-je mangée

de l'intérieur
autant que de l'extérieur ?

avant d'être mère
j'ignorais
totalement

que je fus à ce point
comestible
appétissante
délicieuse même

que l'on me dirait
" ça sent le bon lait de maman
quand tu reviens
à la maison ! "

du dedans
du dehors
on me mange
sans cesse

que c'est bon
d'être dévorée
par des petites bouches

aidées
par des petites mains
qui saisissent
et s'agrippent à mes seins

les pétrissent
sans frein
s'entraînent au modelage

d'enfant en enfant
d'année en année
mes formes varient

et je goûte
imperturbable
le plaisir d'être mangée

jeudi 14 mai 2009

flou


à 8 mois
les choses
sont floues
cela prend forme
sans avoir de visage
sans connaître le genre
de ce bébé-là
parce que cela viendra
bien assez tôt
il est indéfini
il est là
c'est l'attente
autant faire la fête

mercredi 13 mai 2009

de la métamorphose



les formes
sont abstraites
pour peu qu'on y regarde
et se mêlent
peu à peu
pour donner
le meilleur
d'elles-mêmes
une boule
d'énergie
et de feu
diffuse
qui balance
avance
et se consume
tout doucement
au rythme
du pinceau

dimanche 10 mai 2009

fête

( aujourd'hui, pas d'image
mais
juste quelques mots
parce que je suis loin

et que je souhaite
écrire ici
ce matin )

ce jour-là
était une fête
pleine de lumière
de couleurs
de sons
comme jamais

de temps
long
interminable
et doux

à laisser
Caroline
faire son oeuvre
à son rythme

à lui laisser le temps
dont elle avait besoin
qui n'était pas le mien

mais
il faut bien cela
pour s'accorder
et se lancer
dans cette entreprise
loufdingue

que constitue
le maquillage
de la moitié d'un corps
qui en abrite un autre

ce qui offre déjà
belle matière
à déjante
en soi

mardi 5 mai 2009

absence


en studio
calfeutré
avec des touches de couleur
se dessine
une image édulcorée
de ce qui n'est
qu'un banal tremblement de terre
intérieur
à venir
à vous laisser KO
pendant des heures
avant
après
on ne sait pas
l'attente
la joie
les questions
les peurs
se mêlent
en une explosion
dont l'onde de choc
alourdit le corps
à ne plus savoir
grand chose
à part qu'on est là
et qu'on ne recule pas

dimanche 3 mai 2009

avec ou sans ?


le rond n'a plus
rien à voir
avec lui-même
dès lors
que la couleur
élit
domicile
en lui

au crayon


je ne vois pas très bien
je sens
sur ma peau
le crayon
de Caroline
qui trace des ronds
je n'avais pas imaginé
qu'elle tracerait
les formes
avant de les peindre
le support
est particulier
les volumes changent
suivant la position
je dois être droite
pour qu'elle dessine
ces ronds
bulles bulles bulles
qui s'entrecroisent
et devraient
- c'est à espérer -
entrer
en une conversation
qui se tienne